Quand on parle de panneau solaire, on l’associe bien souvent à l’écologie. En effet, l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques est une énergie dite renouvelable. Soit, autrement dit, une énergie provenant d’une source naturelle qui se renouvelle en continu (le jour où les rayons du soleil n’atteignent plus notre belle planète, la rentabilité de nos panneaux solaires sera le cadet de nos soucis).
En plus d’être très abondante, ce type d’énergie verte génère beaucoup moins de pollution que les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon…).
À titre d’information, sachez d’ailleurs qu’une centrale à charbon rejette 820 grammes de CO2 par kWh produit. Ce qui est largement supérieur à la pollution des panneaux solaires qui est estimée entre 40 et 55 grammes de CO2 par kWh produit (mais inférieur à celle des centrales nucléaires qui est de 6 grammes par kWh).
Toutefois, il ne faut pas se leurrer : les panneaux solaires polluent. Ils polluent moins que le charbon ou le gaz, certes, mais ils polluent quand même.
S’intéresser au bilan carbone des panneaux solaires est donc une interrogation légitime. On vous dit tout sur le sujet.
Sommaire de l'article
I. Production des panneaux solaires et pollution
Quand on parle de panneaux solaires et de pollution, nous pensons qu’il est important de dissocier la fabrication de panneaux et leur usage quotidien.
Pour commencer, nous allons nous intéresser spécifiquement à la phase de création des panneaux. Sachant que c’est celle qui pose problème.
1. Raffinage des matières premières servant à construire les panneaux solaires
Panneau solaire / voiture électrique : même combat ! Rien à dire durant la phase d’utilisation. Par contre, la production, c’est une autre histoire.
Pour comprendre ce qui ne va pas, il faut s’intéresser aux éléments qui composent les panneaux solaires.
Soit :
- Le silicium ;
- Le verre ;
- L’argent ou le cuivre ;
- L’aluminium.
D’après les constructeurs, les panneaux solaires sont constitués à 90% de silicium utilisé pour fabriquer les cellules servant à récupérer l’énergie solaire et à produire, ensuite, de l’électricité. Cette matière première que l’on obtient à partir de quartz et de sable est disponible en abondance sur Terre.
Au passage, nous venons de vous apporter la preuve que la croyance populaire qui veut que les panneaux solaires soient fabriqués à partir de terres rares est fausse. Prenez ça, les fakes news !
Toutefois, cela n’enlève rien au fait que l’acte de transformation est extrêmement polluant.
Jugez plutôt : la production d’une tonne de silicium demande 12 000 kWh environ. Sans oublier les nombreux produits chimiques utilisés durant le processus. Heureusement, ce matériau est entièrement recyclable. Mais nous y reviendrons.
2. Fabrication des panneaux solaires
Après avoir obtenu les matières premières nécessaires à la conception des panneaux photovoltaïques, il faut les construire. Deuxième couac !
En effet, la France commence seulement à s’intéresser au marché de la fabrication de panneaux solaires. De plus, la silice nécessaire à la construction de ces produits est localisée majoritairement en Chine (qui est d’ailleurs un pays précurseur du solaire).
Il suffit de lire cette étude pour se rendre compte de la place de la Chine sur le marché de la production de silicium : https://fr.statista.com/statistiques/570477/principaux-pays-producteurs-de-silicium/ (6000 tonnes en 2022 contre 120 tonnes en France).
Très clairement, à l’heure actuelle, si on s’intéresse au marché du solaire, il faut avoir de bons contacts sur le marché chinois.
2 problèmes écologiques se posent alors :
– OK, la Chine est précurseur sur le marché des panneaux solaires, mais les usines du pays fonctionnent, elles, majoritairement au charbon. Ce qui, vous le savez, est une des causes principales du rejet massif de gaz à effet de serre. Bien que cela tende à s’améliorer année après année, il y a fort à parier que le pays mette un certain temps à faire évoluer sa production énergétique ;
– Que l’on assemble les panneaux solaires sur place ou non, il faut faire traverser une bonne partie de la planète aux marchandises pour les installer sur les toits des maisons et entreprises françaises. Ce qui demande un transport par bateaux et la pollution qui va avec.
3. Que penser du Made in France ?
Ne tournons pas autour du pot : le Made in France, c’est comme le bio pour l’alimentation. Ce n’est ni plus ni moins qu’un argument marketing.
Pourquoi ? Parce que la plupart des entreprises qui se revendiquent Made in France se fournissent en Chine. Ainsi, même si les panneaux sont assemblés en France, les matières premières, elles, viennent de pays étrangers. Ce qui nécessite un acheminement par bateau.
Vous l’avez compris en lisant cette première partie : on ne peut pas dire que le processus de fabrication des panneaux solaires soit très écologique. Au contraire même…
Toutefois, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives, car vous allez voir que la suite est plus positive.
II. La pollution d’un panneau solaire en fonctionnement
Vous avez pris le temps de digérer les informations précédentes liées à la fabrication des panneaux solaires ? Oui, la production de ce type de produit est polluante. Mais, rassurez-vous : la France est en train de s’intéresser de près à cette problématique.
Ceci étant dit, comme nous l’avons annoncé en préambule, les panneaux solaires en fonctionnement sont beaucoup moins polluants que les centrales à énergies fossiles.
Pour rappel : un panneau solaire émet jusqu’à 55 grammes de CO2 par kWh produit (contre 820 grammes pour une centrale à charbon).
Certains pourront dire « oui, mais on parle d’un panneau solaire qui ne génère de l’électricité que pour un seul bâtiment tandis qu’une centrale à charbon peut gérer l’alimentation en électricité de centaines de milliers de foyers ». C’est vrai ! Pourtant, il faut aussi prendre en compte les dégâts écologiques causés par le fonctionnement de ces centrales. Nous pensons à la déforestation galopante, par exemple. Tandis que les panneaux solaires, eux, produisent de l’électricité sans destruction de ressources indispensables à la vie sur Terre.
Toutefois, comme les éoliennes, il serait utopique de se dire que, demain, il sera possible d’être autonome énergiquement grâce au solaire. Sauf en cas de décroissance importante. Ce que personne n’envisage. Il faut donc prendre l’énergie solaire pour ce qu’elle est : un moyen d’être moins dépendant des fournisseurs d’énergie nationaux et/ou une possibilité d’améliorer ses fins de mois. Mais nous digressons…
Dans tous les cas, d’après l’ADEME, le bilan carbone d’un panneau solaire durant tout son cycle de vie est positif. Autrement dit, le rapport entre la production d’énergie nécessaire pour la création d’un panneau et l’énergie produite par ce même panneau penche en faveur du second.
Sans oublier le recyclage des panneaux solaires qui est aussi une donnée importante à prendre en compte.
III. Quid du recyclage des panneaux solaires ?
OK, les panneaux photovoltaïques sont énergivores et polluants durant leur phase de production et de transport. Mais il est intéressant de préciser qu’un panneau est conçu pour être recyclable à l’infini.
De plus, certains panneaux solaires produits sont recyclables à 100%. Et ça, c’est une bonne nouvelle pour l’écologie. Ainsi, une fois produit, un panneau solaire génère une pollution relativement minime.
Surtout en considérant que sa durée de vie avoisine les 40 ans et peut même atteindre 50 ans pour certains éléments (dont 25 ans de garantie).
Une fois en fin de vie, les panneaux solaires sont recyclés par un organisme dédié (tel que PV Cycle) et chaque élément sera réutilisable. Le silicium cristallin, par exemple, peut être recyclé jusqu’à 4 fois pour la fabrication de nouvelles cellules. Ce qui représente tout de même un cycle de vie de 200 ans pour ce matériau. Le seul élément qui pose problème étant le film plastique qui n’est pas recyclable. Mais il est très faiblement présent sur nos panneaux solaires.
Évidemment, le recyclage génère des émissions carbone. Cependant, comparé à la fabrication des panneaux photovoltaïques, il n’y a pas photo. D’après les études sur le sujet, l’acte de recycler permet de diminuer de 5% les émissions annuelles de CO2 au niveau national. Ce n’est pas rien !
Pour résumer : si on considère le cycle de vie entier d’un panneau solaire, le bilan carbone est positif. OK, le procédé de fabrication de panneaux solaires est polluant. Mais sa longue durée de vie, sa capacité à être recyclé (presque) entièrement et ses performances énergétiques en font un équipement écologique de référence.