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Éco-quartier solaire : définition et enjeux

En 2009, le gouvernement de François Fillon lance la « Démarche ÉcoQuartiers » dans le cadre du plan Ville durable et du Grenelle de l’environnement. Officiellement annoncée en 2012, celle-ci s’est concrétisée par un appel à projets visant à encourager les espaces urbains à se « verdir ». Elle fut par la suite relancée en 2016, sans vraiment plus faire parler d’elle.

 

Mais voilà que via une circulaire signée le 9 mars 2023, par le ministre délégué à la ville et au logement, la démarche a connu de nouvelles évolutions. Création du statut d’ÉcoProjet, mise en service d’un accompagnement en ingénierie des projets, redéfinition de la labellisation (notion de « quartiers livrés et « quartiers vécus »), et introduction d’indicateurs de performance, cette démarche connaît une certaine renaissance.

 

Alors, concrètement, qu’est-ce qu’un éco-quartier (parfois écrit « eco quartier ») ? Et comment se positionne l’éco-quartier solaire dans cette démarche ? On fait le point.

Sommaire de l'article

I. La démarche ÉcoQuartier, en bref

C’est simple, la démarche ÉcoQuartier s’adresse à tous types de porteurs de projets et à tous types de projets.

 

Parmi les porteurs de projets, on identifie notamment :

  • les collectivités locales ;
  • les aménageurs ;
  • les entreprises privées ;
  • les collectifs de citoyens ;
  • etc.

En règle générale, au vu de l’ampleur des projets, ce sont principalement les collectivités locales (communes) qui se lancent dans cette démarche, qui peut d’ailleurs porter sur des projets neufs ou de renouvellement urbain (comme la rénovation de quartiers prioritaires).

 

Il peut aussi s’agir d’opérations dans de grandes agglomérations, voire des projets périurbains et ruraux. Dans tous les cas, le champ géographique de la démarche se limite à la France métropolitaine ou aux territoires d’outre-mer.

 

Une chose est sûre, pour répondre aux priorités des politiques actuelles (par exemple, la loi ZAN, Zéro Artificialisation Nette, du 20 juillet 2023), la démarche privilégie les projets qui luttent contre l’artificialisation des sols, tout en favorisant le renouvellement urbain.

 

À noter que de nombreux partenaires peuvent accompagner les porteurs de projets en matière de diffusion et de mise en œuvre. C’est le cas de 24 institutions ou associations qui ont signé la charte des partenaires ÉcoQuartier.

II. Éco-quartier : définition et réglementation

Pour donner la définition officielle de l’éco-quartier, reprenons celle du ministère de la Transition écologique : « un éco-quartier est un projet d’aménagement durable multifacettes qui intègre les enjeux et principes du développement durable (économiques, environnementaux et sociaux) à l’échelle de la ville ou des territoires ».

 

De fait, la démarche insiste sur la prise en compte de l’ensemble des enjeux environnementaux, en leur attribuant par exemple des niveaux d’exigence assez importants.

 

Les caractéristiques d’un éco-quartier sont ainsi nombreuses. On doit pouvoir y retrouver :

  • des économies d’énergie, une préservation accrue des ressources naturelles, une utilisation significative des énergies renouvelables (panneaux solaires photovoltaïques, réseau de chauffage urbain en géothermie, etc.), et le respect de strictes exigences en matière de construction de bâtiments (bâtiments à énergie positive, etc.) ;
  • une utilisation rationnelle et économe de l’eau pour réduire la consommation (récupération des eaux pluviales) ;
  • une gestion intelligente des déchets (tri sélectif et recyclage), y compris des déchets des chantiers de construction (favoriser la réhabilitation) ;
  • la préservation de la biodiversité végétale, avec des mesures qui visent à encourager son développement ;
  • un bon équilibre entre logements, commerces, équipements publics et bureaux ;
  • une bonne gestion des déplacements, avec une limitation du recours à la voiture et l’utilisation de transports doux (transports en commun, vélo, marche à pied).

Vous l’aurez compris, les avantages écologiques concourent aux bénéfices économiques. L’aspect social de la démarche passe notamment par la mixité sociale (socio-économique, culturelle et générationnelle) et une meilleure qualité de vie des habitants. Ici, le terme « éco-quartier solaire » n’est qu’une facette de la démarche d’éco-quartier telle qu’elle est déjà définie. Un éco-quartier solaire ne suffit pas pour être labellisé « ÉcoQuartier ».

 

Néanmoins, il s’agit d’une démarche tout à fait louable, qui permet de répondre à certaines caractéristiques propres à l’éco-quartier. C’est un premier pas vers une démarche plus globale.

III. Éco-quartier solaire : énergie solaire passive et active

Pour créer un éco-quartier solaire, plusieurs pistes peuvent être exploitées à partir de l’énergie solaire passive et de l’énergie solaire active.

 

En effet, l’énergie du soleil peut être exploitée passivement grâce à une bonne orientation des bâtiments. Toute personne qui se lance dans un projet de construction de maison ou dans l’achat d’un bien existant doit être sensible à cette notion d’énergie solaire passive, en partie via une exposition des pièces de vie au sud.

 

Mais si une bonne exposition est la base du concept, les matériaux de construction utilisés sont tout aussi importants. Effectivement, ce sont eux qui captent la chaleur du soleil. Il faut également penser à leur cycle de déphasage thermique, afin qu’ils restituent la chaleur accumulée en journée au bon moment (en d’autres termes, pendant la nuit, la période la plus froide).

 

Toutefois, utiliser l’énergie solaire de manière active est encore plus avantageux, même si elle exige des installations et technologies complémentaires pour transformer les rayons du soleil en électricité (panneaux solaires photovoltaïques) ou utiliser la chaleur (panneaux solaires thermiques).

 

L’intérêt des panneaux solaires, qu’importe leur technologie, est de pouvoir être installés en différents formats, à savoir petits ou grands panneaux. Cela leur permet d’être utilisés aussi bien sur des maisons individuelles que sur des bâtiments commerciaux ou agricoles, des bâtiments publics (écoles, mairies, bibliothèques, complexes sportifs, parkings couverts), etc.

 

À l’échelle d’un quartier, ce sont ces bâtiments qui alimentent une grande partie des besoins individuels (particuliers), publics et professionnels. Mieux encore, les panneaux solaires photovoltaïques peuvent fournir de l’électricité à des sites raccordés au réseau électrique, mais aussi à des sites hors réseaux.

 

Et bien entendu, les panneaux solaires ne sont pas les seules solutions pour utiliser activement l’énergie solaire. Une ville des États-Unis (Tonopah, dans le Nevada) a, par exemple, installé des milliers de miroirs sur sa centrale solaire Crescent Dunes de SolarReserve, et ce, afin de concentrer l’énergie du soleil vers des turbines à vapeur. Pour faire simple, la pression de la vapeur produite actionne des turbines qui produisent de l’électricité. Par ailleurs, la centrale est la première à utiliser les sels fondus pour stocker l’énergie dans le but d’un usage différé.

 

Or, vous n’êtes pas sans le savoir, ce qui se passe aux États-Unis arrive tôt ou tard en Europe. Il faut donc s’attendre à de nouvelles innovations de ce type en matière d’énergie solaire.

IV. Éco-quartier solaire : l’utilisation du solaire à grande échelle

À ce stade de votre lecture, vous constatez que l’utilisation de l’énergie solaire peut se faire à grande échelle, qu’il s’agisse d’un quartier entier ou d’une petite commune. Toutefois, elle pourrait également couvrir la dimension d’une agglomération entière, comme la ville savoyarde de Montmélian qui englobe plus de 4 000 habitants.

 

Appelée « La Solaire », la ville est en effet pionnière dans l’énergie solaire qu’elle développe depuis plus de 30 ans. Labellisée Cit’ergie depuis 2007 pour la mise en œuvre d’une politique énergie/climat exemplaire, la ville ne cesse d’innover en matière de solaire. Elle a notamment mis en service :

  • une centrale solaire photovoltaïque installée sur les toits des ateliers municipaux ;
  • un réseau de chaleur thermique qui emmagasine la chaleur du jour dans le sol, et ce, pour alimenter 80 % des besoins énergétiques du quartier « Triangle d’Or » (200 logements) été comme hiver ;
  • des capteurs thermiques installés pour la production de l’eau chaude sanitaire et le chauffage dans les espaces publics, comme la halle de gymnastique ou le village des enfants.

En bref, la ville de Montmélian est un excellent exemple en matière de solutions pour créer un quartier solaire. Grâce à elle, on peut constater que les options sont multiples et qu’elles ne reposent pas systématiquement sur l’accumulation de pratiques individuelles (panneaux solaires sur tous les toits des logements, par exemple). Dans le même registre, elles ne dépendent pas uniquement de l’autoconsommation individuelle (bancs publics solaires, lampadaires solaires, pavés routiers solaires, etc.).

 

Si les collectivités locales peuvent réduire la consommation d’électricité des bâtiments publics, elles peuvent aussi mettre en place des solutions qui répondent aux besoins individuels : bornes de recharge solaires pour véhicules électriques, fourniture d’électricité solaire aux habitants, réseau de chaleur pour les nouveaux logements, etc.

 

Mais attention, il faut bien comprendre que la mise en œuvre d’un éco-quartier solaire est un processus long, complexe et coûteux (bien que les collectivités locales puissent profiter de subventions). De plus, un tel projet requiert un engagement total de tous les acteurs impliqués et des citoyens qui font partie intégrante du projet. Après tout, pour qu’il y ait éco-quartier solaire, il faut aussi et surtout des éco-citoyens responsables et sensibilisés aux nouvelles pratiques que cette démarche implique.

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