Allons droit au but : oui, il est possible d’atteindre l’autonomie totale grâce à l’énergie solaire. Mais, est-ce simple ? Loin de là. Et, allons encore plus loin : est-ce souhaitable ? Pas si sûr. Ce sont en tout cas les questions que nous allons aborder dans cet article. Pour cela, nous allons vous exposez les difficultés auxquelles vous vous exposez en essayant de rendre votre maison 100% autonome. Enfin, on comparera ce projet à une alternative sûrement moins attrayante, mais peut être plus réaliste : l’autoconsommation. On vous souhaite une bonne lecture !
Sommaire de l'article
I. Déjà, qu’est-ce que c’est qu’une maison autonome ?
Commençons par définir ce dont on parle : qu’est-ce qu’une maison autonome ? C’est très simple : on parle de maison autonome, autosuffisante, ou même “off grid” (hors du réseau) dès lors qu’elle est capable de générer suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins de l’ensemble de ses résidents.
Pour avoir une maison autonome, il faut donc qu’elle produise une quantité l’électricité au moins équivalente à celle consommée par le foyer. Si elle y parvient, on parlera alors d’un taux d’autoproduction de 100%.
Ainsi, une maison autonome n’est plus une simple habitation, mais bien un écosystème énergétique réduisant la dépendance des occupants vis-à-vis des réseaux électriques traditionnels. Votre lieu de vie devient également une source d’énergie constante. Oui, c’est une idée séduisante. Est-ce facile à atteindre ? Pas du tout. Il n’est même pas certain que ce soit une si bonne idée que d’y aspirer. Laissez-nous vous exposer nos arguments !
II. Pourquoi l’autonomie totale est-elle si difficile à atteindre ?
Atteindre l’autonomie totale en énergie dans une maison est un défi plus qu’ambitieux. Pour avoir une chance d’y arriver, vous devrez avoir pensé à tout. Par exemple à la dimension optimale de votre système de production solaire, ou encore à la quantité d’énergie maximale que vous devez dépenser. En plus de ça, il vous faut absolument prévoir des dispositifs de stockage afin de conserver l’énergie que vous produisez, ainsi que des équipements de secours pour les périodes d’urgence. Oui, ça fait beaucoup de choses auxquelles penser. En réalité, on peut presque dire qu’une autonomie totale est quasiment impossible à atteindre. Pourquoi cela ?
1. Il est particulièrement compliqué de stocker l’énergie électrique sur le long terme
Le rêve d’atteindre une maison autonome se heurte à un obstacle de taille : notre incapacité à stocker de l’énergie électrique de manière satisfaisante.
Si l’eau est une ressource particulièrement simple à conserver (comme le montrent les récupérateurs d’eau de pluie qui fleurissent dans les jardins des particuliers), ce n’est cependant pas du tout le cas de l’électricité. Vous le savez surement, il existe des batteries électriques, mais en réalité, leur capacité à stocker de l’énergie est très limitée : elle ne dépasse quasiment jamais les quelques jours !
Vous aurez donc beau essayer de dépenser le moins d’énergie possible, par exemple, en réduisant votre nombre d’appareils électroménagers, ou en installant un système de chauffage non électrique, vous vous rendrez vite compte que le défi reste de taille. De même, vous pouvez décider d’installer un grand nombre de panneaux photovoltaïques, mais même avec un investissement de départ très important, il est compliqué d’atteindre l’autonomie énergétique. Et, gardez une chose en tête : plus il y a de personnes sous votre toit, plus il vous sera difficile de produire suffisamment d’énergie avec des panneaux solaires.
Vous vous demandez sûrement si le fait de multiplier les batteries de stockage peut être une solution ? Pas réellement. Ou du moins, ce n’est pas une solution parfaite. Pourquoi cela ? Et bien, parce que les batteries ne stockent l’énergie que durant un laps de temps limité, ce qui vous oblige à bouleverser vos habitudes pour répondre à cette contrainte. En plus de cela, vos batteries ne seront généralement pas assez puissante pour stocker toute l’énergie que vous produirez les jours très ensoleillés, et ne seront surement pas chargées à 100% lorsque la luminosité sera basse. Autrement dit, vous devrez adapter vos comportements quotidiens aux limites techniques des batteries !
2. L’ensoleillement varie énormément
Qui n’a jamais rêvé d’une maison autonome en énergie grâce à la production d’électricité verte par des panneaux solaires photovoltaïques ? Oui, l’idée est attirante. Mais, arrêtons-nous un moment pour comprendre qu’un facteur crucial, l’ensoleillement, peut sérieusement freiner cette quête d’autonomie énergétique.
Et oui, votre consommation énergétique est loin d’être linéaire : elle danse au rythme des saisons ! On ne vous apprend rien : en hiver, vos besoins énergétiques diffèrent considérablement de ceux de l’été. Mais si vos besoins sont changeants, ce ne sont pas les seuls : c’est aussi le cas de votre capacité de production. Elle varie évidemment en fonction des conditions d’ensoleillement. Et, c’est particulièrement le cas en France, où les saisons sont bien marquées. Résultat : vous produirez généralement trop d’énergie en été, mais pas assez en hiver !
Et, pour compliquer le tout, les conditions d’ensoleillement ne fluctuent pas seulement sur l’année, mais aussi durant une même journée ! Si la luminosité sera sûrement bonne en milieu de journée, la production d’électricité diminuera à mesure que la nuit approche. Pourtant, c’est justement là que vos besoins énergétiques sont les plus forts, non ?
En vérité, s’il n’est pas si compliqué de calculer le rendement moyen de votre installation solaire photovoltaïque à l’année, estimer son approvisionnement quotidien est un vrai casse-tête ! Or, ce dont vous avez besoin, c’est d’être certain d’avoir suffisamment d’énergie au jour le jour.
Et, c’est précisément ça une maison autonome : c’est une maison dont la production est suffisante pour répondre à vos besoins quotidiens. Vous commencez à entrevoir pourquoi c’est un défi si complexe ? Continuons.
3. Un projet très coûteux
Passons maintenant à un problème très concret : rendre une maison autonome coûte extrêmement cher. Il y a pas mal de raisons à cela. D’abord, même si les batteries ne sont pas parfaites, vous en aurez besoin pour essayer d’atteindre l’indépendance énergétique. Et, les batteries électriques dotées de capacités de stockage élevées sont très couteuses, d’autant plus que vous devrez les changer environ tous les 20 ans.
Ensuite, vous devrez investir des sommes conséquentes dans des panneaux solaires. Et, si vous souhaitez créer une maison autonome, vous allez devoir en installer un certain nombre ! Et la puissance des panneaux solaires n’est pas encore suffisante : même le panneau solaire le plus performant peinera à vous permettre une autonomie totale lors des journées d’hiver les plus sombres. Oui, c’est assez décourageant.
Ensuite, vous devez penser à installer des systèmes de production d’énergie d’urgence, en cas de souci technique de votre installation de panneaux solaires. Et, là encore, que ce soit une citerne de gaz, ou un groupe électrogène, la facture grimpe très vite.
Enfin, la raison pour laquelle ce projet va particulièrement vous coûter cher, c’est qu’il n’existe aucune aide spécifique de l’État pour les maisons autonomes. Pire que ça encore, si vous visez l’autoproduction, et que vous vous détachez complètement du réseau électrique public, vous passez même à côté de primes publiques.
III. Finalement, le meilleur choix, c’est l’autoconsommation
Oui, effectivement, en optant pour l’autoconsommation, vous ne réalisez pas votre rêve d’avoir une maison 100% autonome. Il faudra que votre installation soit raccordée au réseau électrique. Mais, soyons raisonnable, si votre installation photovoltaïque est bien dimensionnée, vous réduiriez d’au moins 50% vos dépenses énergétiques. Vous consommerez l’énergie que vous produirez pendant la journée, et complèterez par celle du réseau public durant vos soirées. Ainsi, vous ne serez plus à court d’eau chaude sanitaire, que ce soit pour vous laver ou simplement pour faire tourner votre machine à laver quand vous le voulez !
De plus, en vendant votre surplus de production, vous pourrez financer les factures d’électricité hivernales. Et, si vous ne voulez vraiment pas revendre votre électricité à EDF OA, vous pouvez toujours acheter des batteries pour la stocker et l’utiliser dans les heures qui suivent.
Ensuite, l’autoconsommation permet d’accéder à plusieurs types d’aides publiques. Ainsi, en plus d’être un projet bien moins risqué, c’est aussi bien moins couteux. Autrement dit, il vous sera bien plus simple d’amortir votre investissement rapidement.
Enfin, en réinjectant l’énergie que vous produisez en surplus plutôt que de la perdre, vous participez à réduire l’utilisation du nucléaire, et plus largement, à la transition énergétique. Plutôt sympas, non ?
IV. En conclusion, que retenir ?
Vous l’aurez compris, nous vous encourageons à opter pour l’autoconsommation plutôt que d’essayer d’atteindre l’autoproduction totale. Ce conseil est à nuancer dans le cas des sites isolés (comme une cabane ou une tiny house) : leurs besoins énergétiques étant beaucoup plus réduits, les rendre autonomes est bien plus simple. Mais, s’il s’agit de votre résidence principale, préparez-vous à devoir réaliser d’énormes investissements et fortement bousculer vos habitudes quotidiennes : il vous faudra par exemple surement réduire votre nombre d’appareils électriques.
De même, il serait préférable que vous ajoutiez une installation solaire thermique à vos panneaux photovoltaïques. Et si on allait plus loin, pour vraiment bien faire les choses, il faudrait même que vous construisiez votre logement en optimisant sa conception pour le rendre autonome !
Alors, voici notre avis : à moins que ce ne soit réellement un objectif de vie, et que vous êtes prêt à vous investir pleinement dans ce projet, le jeu n’en vaut pas la chandelle. En revanche, si malgré tous nos avertissements, vous décidez d’atteindre l’indépendance énergétique totale, nous serons prêts à vous accompagner !